De nature et de persévérance
Une géante éclairée, solidaire et résiliente, engagée pour l’autonomisation des femmes, écologiste par nécessité, par résistance et par amour pour la Nature.
Dans un petit village de pêcheurs sur la Petite Côte au sud de Dakar, Popenguine, célèbre pour ses pèlerinages autour d’une vierge noire depuis 130 ans, un groupement d’une centaine de femmes pour la protection de la nature a vu le jour autour de la réserve naturelle de Thioupam d’une superficie de douze hectares et qui couvre huit villages..
Kathy Ndione, mère de sept enfants, est présidente du regroupement des Femmes de Popenguine pour la Protection de la Nature (RFPPN) mais elle se considère comme membre simple du groupement qui existe depuis 1988.
À l’époque, les hommes partaient à la pêche et cultivaient des champs d’arachide et de mil. Les femmes s’entraidaient par groupe de deux. Quand l’une partait vendre le poisson, une autre restait à la maison pour faire la cuisine, arroser les plantations et fumer le poisson.
Les femmes ont offert leurs services pour participer à la réhabilitation de la brousse, quand les parcs nationaux se sont installés pour préserver la zone, afin de régénérer la brousse. car en tant que premières bénéficiaires, ce sont elles qui y allaient quotidiennement chercher le bois de chauffe et elles constataient impuissantes le rythme de déboisement du site. De plus, la transformation des produits halieutiques qui les faisait vivre, s’amenuisait, il y a de moins en moins de poissons à fumer à Popenguine.
« …Beaucoup de femmes qui nous ont rejoint dans ce combat de reboisement ont failli se faire répudier par leur époux. On nous appelait les “sauvages”, on nous a pris pour des “folles” car quand nos époux revenaient des champs pour se reposer, nous prenions leurs outils en cachette et partions dans la forêt dont nous reboisions les parties détruites. Ce qui nous a toujours retenu d’abandonner, c’était l’envie de laisser quelque chose à nos petits-enfants qui couraient le risque de ne jamais savoir ce à quoi ressemblait une forêt… »
Avec les parcs nationaux, les femmes du collectif apprennent le maraîchage et cultivent des légumes dans la réserve, qu’elles vendaient aux vacanciers du dimanche. Leur première activité fut d’apprendre à planter et à faire des pépinières. Elles firent des plants d’arbres fruitiers et d’arbres forestiers. Les premiers étaient destinés à la vente, les seconds à replanter la Réserve.
Elles aident à tracer les sentiers et à faire des pare-feu pour éviter les feux de brousse. Surtout, elles transmettent aux enfants le goût pour la nature en accomplissant ces tâches avec eux lors de sorties scolaires.
Petit à petit, les espèces qui avaient disparu de l’environnement reviennent. Katy explique : « On voit de plus en plus de hyènes, de gazelles ou d’oiseaux qui avaient déserté. »
Ces premiers résultats concrets finirent par convaincre leurs maris de les laisser y travailler. Avant cela, les mauvaises langues disaient qu’elles se dévergondaient dans la réserve et les disputes de couple étaient fréquentes.
Elles ont construit en bordure, un campement touristique « Kër Cupaam » (du nom de la figure féminine protectrice du lieu Coumba Cuppam) et l’aide de la Fondation Nicolas Hulot, leur ont permis d’équiper le campement de cinq cases et d’un restaurant, en 1990. Sept femmes y travaillent quotidiennement, cela leur permet de subvenir à leurs besoins. Une tontine pour les femmes a été créée, et même une boutique qui vend des bonbonnes de gaz, afin d’inciter les femmes à abandonner la cuisine au bois de chauffe.
Aujourd’hui, ces activités ont diminué, l’activité rémunératrice du campement est menacée depuis la crise du tourisme, de plus, la zone devient de plus en plus résidentielle avec de villas, et les pépinières sont pillées par les animaux (singes de la réserve et chèvres des voisins). Elles cherchent des moyens de renouveler leur activité.
« Mon vœu est de tout faire pour que mes enfants retrouvent la terre telle que je l’ai connue. »
Avec les jeunes déscolarisés, elles ont créé un corps de volontaires qui les aide à nettoyer la plage.
Kathy nous a quittés le 29 février 2020.
Ne restez pas…
Ne restez pas à pleurer autour de mon cercueil,
Je ne m’y trouve – je ne dors pas.
Je suis un millier de vents qui soufflent,
Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr,
je suis la douce pluie d’automne, je suis l’envol hâtif.
Des oiseaux qui vont commencer leur vol circulaire quand tu t’éveilles dans le calme du matin,
je suis le prompt essor qui lance vers le ciel où ils tournoient les oiseaux silencieux. Je suis la douce étoile qui brille, la nuit,
Ne restez pas à vous lamenter devant ma tombe, je n’y suis pas : je ne suis pas mort. (Par Stevenson)