Mame Penda Ba
De science et de pragmatisme
Une géante des sciences politiques et sociales, visionnaire, engagée pour une révolution de la pensée universitaire dans ce domaine au service de l’Afrique.
Agée de 41 ans, cette mère de trois enfants se réclame de Saint-Louis quoiqu’étant née et ayant fait ses études à Dakar, où ses parents fonctionnaires étaient affectés. Après son bac, elle est allée en France faire deux classes préparatoires Philosophie et Lettres, cela lui a permis de continuer ses études à Sciences Po Paris et d’y obtenir son doctorat de Sciences politiques. Depuis 2011, elle est agrégée en Sciences politiques du CAMES.
Mame Penda Ba, professeure-chercheuse à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, est la première femme agrégée en Sciences politiques au Sénégal.
Elle est actuellement Directrice Adjointe de la Faculté de Droit et Sciences politiques à l’Université de Saint-Louis.
Sa volonté de penser les sociétés a conduit à la création du Laboratoire d’Analyse des Sociétés d’Afrique et Diasporas (LASPAD) dont elle est la Directrice et qui existe depuis cinq années. Dès le départ, sa caractéristique est une pensée pluridisciplinaire qui vise la transdisciplinarité.
Il a été fondé avec deux autres universitaires en réunissant leurs trois domaines : Économie, Anthropologie, Histoire et Sciences politiques, pour produire des concepts nouveaux. « Nous voulions réfléchir sur les sociétés africaines et sur la nature des pouvoirs (niveau local, national, international) à partir des sciences sociales en général », mais aussi des sciences dures (mathématiques, informatique, etc.). En transcendant les clivages classiques des disciplines, ce très jeune laboratoire produit une recherche collective qui permet d’avoir des résultats inscrits dans un monde en évolution constante.
Mame Penda Ba fait partie de la petite communauté des politistes locaux qui cherchent à africaniser le contenu de leur enseignement. Ceux-ci travaillent aussi à partir des ressources du prestigieux Centre d’Études linguistiques et historiques par Tradition orale (CELHTO) basé au Niger, afin de remonter très loin dans l’histoire des idées politiques. Pour elle, le rôle de l’Université Africaine est dans ce domaine, de « donner voix et présence à des auteurs africains inattendus à côté d’autres, plus classiques ».
Selon elle, les sciences politiques répondent à un besoin de penser les questions fondamentales telles que : « Comment nos sociétés en dépit des chocs extrêmement forts et puissants, ne perdent pas fondamentalement le souvenir de ce qu’elles ont été, tout en ayant à faire face à l’étranger et en le transformant en endogène ? »
« Ces sociétés vont se transformer de façon accélérée. Et nous, les Africains, sommes obligés de réfléchir sur le type de société humaine qui est en train de se mettre en place. À travers la question technologique, on retrouve le questionnement philosophique, anthropologique, économique. »
Toujours prête à changer de perspective, cette enseignante-chercheuse intègre la perplexité, le doute et la circonspection dans sa méthodologie avec les étudiants. Par exemple, dans l’étude de la Démocratie : « dans le travail de perfectionnement de ce système proposé par des hommes, l’Afrique et surtout la jeunesse africaine a quelque chose à dire. C’est peut-être dans la richesse de nos cultures qu’on trouvera de quoi dépasser les tensions qui existent dans ce système ». C’est ainsi qu’elle voudrait faire de l’Université sénégalaise, une université qui se penche sur les préoccupations des populations en poussant plus la recherc