A propos de Patricia Gomis
De théâtre et de joie
Géante artiste, comédienne, jongleuse et clown… avec un cœur si grand qu’elle y loge tous les enfants, les protège, les éduque pour un meilleur avenir.
C’est en 1994, un peu par hasard que Patricia Gomis se découvre une passion pour le théâtre… À Dakar, elle participe à l’atelier animé par le dramaturge Omar Ndao et la metteuse en scène brésilienne, Marcia de Castro. « On a monté un petit conte qu’on a joué à l’Hôpital Fann et cela m’a tellement touchée et marquée que j’ai décidé de ne plus faire que du théâtre pour enfants. » Sa vocation était née !
Cette initiation lui permet d’obtenir une bourse du Centre Culturel Français pour se perfectionner à Paris au cours d’expression théâtrale Radka Riaskova. Durant ce séjour, elle rencontre la metteuse en scène Ariane Mnouchkine ou encore Alain Blanchard, maître dans l’art du mime et du théâtre clownesque.
De retour à Dakar, elle retrouve ses camarades et Marcia de Castro avec qui elle crée « Côté Jardin » première compagnie clownesque du Sénégal avec laquelle elle sillonnera l’Afrique de l’Ouest, du Centre et une partie du monde en jouant des sketchs dans les écoles, les hôpitaux et les orphelinats.
En 2005, elle crée l’association et compagnie Djarama avec son époux et ses frères, et en 2015, le centre DjaramArt dédié aux Arts destinés à la jeunesse.
C’est dans la brousse de Toubab Dialaw que Patricia, sa famille et sa tribu d’utopistes, leur association Djarama, ont élu domicile, dans le partage et dans la joie de vivre.
C’est dans ce lieu, avec leurs habitations, une école primaire communautaire, un lieu de résidence pour les artistes et les intervenants, un magnifique théâtre en plein air, en parfaite communion avec la Nature et les Animaux, qu’elle a choisi de dédier sa vie à l’éveil de la Jeunesse par l’éducation, par les Arts et la Culture, par l’agroécologie et la protection de l’environnement…
L’école communautaire rencontre un vif succès et s’agrandit chaque année d’une classe ou deux… Il y a une grande diversité de programmes scolaires, animés par des permanents passionnés par leur métier, des bénévoles spécialisés venus prêter main-forte, un jardin potager y est cultivé en partie par les enfants, afin de leur apprendre l’importance de la terre nourricière et l’économie solidaire. Ce cadre éducatif hors du commun permet aux enfants de s’épanouir dans le respect de la spécificité de chacun, d’être conscients, motivés et acteurs de leur propre vie.
L’association présente souvent des spectacles pour enfants avec des compagnies nationales ou internationales, il y a régulièrement des ateliers de théâtre, de jonglage ou d’arts clownesques, des journées festives et de prise de conscience avec les parents et les enfants.
Plus qu’un simple espace, la concession Djarama est d’abord un choix de vie. « J’ai compris à l’âge de vingt ans que j’avais le choix. Dès cet instant cela a changé ma vie. J’ai choisi de faire du théâtre pour enfants, j’ai choisi mon mari. J’ai choisi mon métier parce que ce n’est pas un métier que je fais pour gagner de l’argent, mais pour m’accomplir en tant qu’être humain. »
Un festival DjaramArt, haut en couleur, totalement gratuit a lieu chaque année à Dakar et dans les rues de Ndayane, et qui fait le grand bonheur des enfants démunis.
Patricia s’engage pour le devenir des enfants, notamment les enfants d’Afrique confrontés à de dures réalités et contre la mendicité des enfants… Elle cherche constamment à leur donner des clés pour se construire, les sujets de ses spectacles sont conçus pour les faire réfléchir en tant qu’acteurs et futurs responsables de leur monde. « Être artiste, c’est d’abord être quelqu’un qui éveille les consciences. Tous nos spectacles abordent des sujets très forts ou tabous : l’excision, le mariage précoce, l’accès des filles à l’école ou la mendicité des enfants, ou encore l’environnement. »
C’est en préparant ses confitures annuelles avec sa récolte de citrons qu’elle se livre sur son choix de vivre en communauté.
« On essaie de vivre en étant conscient qu’on est dans un pays où on n’a pas tout. Donc on ne vit pas au-dessus de nos moyens, on ne cherche pas l’argent pour avoir la belle voiture. On vit simplement avec l’essentiel, pour être avec les gens qui sont près de nous. »
Et elle met en pratique tout ce qu’elle essaie de transmettre aux enfants : le compostage, produire un minimum de déchets, l’agriculture biologique, l’autonomie alimentaire, l’énergie alternative et renouvelable.